Histoire mouvementée du cuirassé Tirpitz

 

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Pas d’Océan Atlantique pour le Tirpitz !

La perte du Bismarck a convaincu Hitler de ne pas risquer son dernier cuirassé géant, seul, dans l’Atlantique. Toujours hanté par la possibilité d’un débarquement britannique en Norvège, adoptant la tactique d’un navire toujours à la disposition de la flotte, an dervorhandenen Flotte, le Führer ordonne donc d’embusquer le Tirpitz dans les fjords norvégiens, avec ordre d’être prêt à foncer à la première occasion, soit sur les convois de Mourmansk, soit sur les forces alliées attaquant la côte. Cette présence oblige les Alliés à le surveiller comme le lait sur le feu car il faisait peser une menace mortelle sur les convois entre la Grande-Bretagne et l’URSS.

Cela offrait, en outre, l’avantage de contraindre la Royal Navy à immobiliser à Scapa Flow et en Islande des forces navales importantes dont les Anglais avaient un besoin urgent ailleurs, en Méditerranée et dans l’Océan Indien, par exemple.

          

Sosie du Bismark 
Le Bismarck est le navire-jumeau à l'origine du Tirpitz. Commandé en 1935 par Hitler, il sera armé et opérationnel en 1940. Le Tirpitz fût quant à lui armé et opérationnel en février 1941.
qui fut vainqueur, en tirant une seule salve de canons sur le croiseur de bataille britannique Hood
Le Hood ou encore HMS Hood était le fleuron de la marine de guerre britannique, long de 262 mètres à la ligne de flottaison, il offrait une puissance de feu énorme. Il fût construit au début des années 1916, et il demeurait depuis le plus grand navire à flots d'Europe. Grâce à ses 8 canons de 381mm, il était clairement une menace pour les navires de l'axe. Cependant, son blindage obsolète ne lui permettait pas de rivaliser avec les plus grands cuirassés d'Hitler, comme le Bismark, qui le coula en 1941.
, le Tirpitz menaçait clairement la puissance navale britannique et le danger qu’il représentait immobilisa durant de long mois les plus grands navires de la Home - Fleet
La Home Fleet est le nom couramment utilisé pour désigner la royal navy (ou marine de guerre britannique).
, basés à Scapa Flow
Scapa Flow est une baie naturellement abritée, qui serva d'avant-poste et de base principale a la Royal Navy.

 

Le 29 décembre 1941, Hitler décida de concentrer les unités de surface restantes de la Kriegsmarine en Norvège car il était persuadé que les Alliés allaient y débarquer.

 

Les deux cartes ci-jointes retracent les opérations menées par le Tirpitz mais évoquent aussi les nombreuses attaques dont il fut victime.

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Coulez le Tirpitz !

Le dimanche 12 novembre 1944, à 3 heures du matin, 32 Lancaster du Bomber command de la R.A.F porteurs de leurs bombes de 12 000 livres décollent d’Ecosse sous le commandement du wing-commander Tait. Chaque avion, les ailes recouvertes de glycol afin d’éviter le givre, transporte 7 tonnes de carburant et 6 tonnes de bombes. 7 appareils du squadron 9 sont incapables de décoller à cause du givre (CATECHISM).

En atteignant la côte norvégienne, ils s’engagent au-dessus de la terre, décrivant un large cercle pour approcher du cuirassé, du côté où on les attend le moins. Mais l’alerte a cependant été donnée et l’équipage du Tirpitz gagne ses postes de combat. Sur le rivage, les servants des machines fumigènes se tiennent prêts et, à 32 km de là, huit chasseurs allemands décollent de Bardufoss. La matinée est claire et ensoleillée. Tandis que les aviateurs anglais se rapprochent de l’objectif en scrutant anxieusement le ciel à la recherche des chasseurs ennemis, ils n’en voient pas un seul. Soudain, leur proie est là, à 14 000 pieds plus bas, longue forme noire ancrée près de la côte. Il n’y a même pas d’écran de fumée artificielle. Les grosses bombes larguées de la première vague foncent à la verticale vers le navire et un premier projectile le touche au milieu à tribord. Il ouvre une brèche dans la coque par où la mer s’engouffre couchant dans un premier temps le bâtiment de 30° sur bâbord. Deux autres bombes s’écrasent sur l’avant, tandis que la soute à munition arrière saute dans une immense déflagration. Une seconde vague d’avions délivre des bombes de 1 000 kg, les Johnny Walker.

Le Tirpitz aura finalement survécu trois ans de plus que son sistership, le Bismarck. Le cuirassier amarré dos au versant abrupt du fjord est touché et se retourne sur le flanc droit, le flanc gauche sortant de l’eau d’une hauteur

variable suivant les marées. Contrairement aux espoirs de l’amiral Doenitz qui escomptait au pire des cas que l’épave se planterait debout dans le limon, le navire, touché dans une réserve de munitions, chavira. L’absence d’équipage autre que les artilleurs et les techniciens indispensables à l’alimentation du navire réduisit les pertes humaines. On dénombra néanmoins 971 morts, et moins d’une centaine de rescapés, coincés sous la coque retournée, furent sauvés grâce à la découpe de celle-ci restée émergée du fait de la faible profondeur.

719 matelots sautèrent dans l’eau glaciale et parvinrent à atteindre la terre ferme, par leurs propres moyens ou grâce aux chalutiers de pêche rapidement sur les lieux. Heureusement, qu’au préalable, quelque 600 hommes avaient été ramenés à terre. Le commandant du navire, le Kapitän zur See Robert Weber périt sur son lieu de commandement, le blindage de son poste enfoui dans la vase devint son cercueil.

Les Lancaster regagnèrent l’Ecosse sans pertes, la chasse allemande n’étant pas intervenue !

Après tant de déboires, les Anglais avaient enfin réussi. Au cours de leurs tentatives, ils perdirent 32 avions et 6 midget-submarines pour se débarrasser du Tirpitz ! (Historia magazine n°81) Abandonnée, l’épave fut désossée après guerre par des Norvégiens qui en obtinrent un revenu non négligeable de la revente des câbles et de l’acier.

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