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Départ vers notre 1ère patrouille de guerre.


Le chef de la Flottille Heinz Fischer est monté à bord pour nous saluer en ce 19 juillet 1944.
Notre capitaine s’écrie : « Still gestanden ! Augen Rechts. Ich melde den Kommandeur. Garde-à-vous. Regard à droite. J’annonce le commandeur. »
Ce dernier s’exclame : « Sieg Heil ! Kameraden ! ’Ran an den Feind ! Sus à l’ennemi !»
Nous lui répliquons : « Sieg Heil ! Kommandeur ! »
Il nous encourage à servir dignement notre arme, à être fiers de combattre pour le Reich avec honneur dans le devoir du sacrifice suprême, soudés ensemble à la vie à la mort, puis il nous souhaite bonne chance. L’instant est solennel. Au-dessus du pont, les hommes larguent les amarres, vérifient les caissons dans lesquels sont rangés les chapelets de balles des mitrailleuses. « Poussez vos diésels ! » La voix tonitruante du commandant tombe dans le tube qui relie la passerelle à la salle des machines où les mécaniciens ont procédé depuis un bon quart d’heure à la préchauffe des diésels. C’est le départ ! Des pensées intérieures nous triturent l’esprit, et au regard sombre des camarades, dès les amarres jetées, je perçois intérieurement les battements forts d’un cœur en émoi. Tous doivent se demander quel sera notre sort. Reviendrons-nous intacts ? Le bloc-moteur qui agit sur l’arbre de transmission (lequel traverse les moteurs électriques qui ont été shuntés, cf. dessin de René Jansen) actionne à vitesse moyenne l’une des hélices dont la propulsion va nous aider à sortir sans casse du chenal d’accès sécurisé, car un dragueur de mines nous accompagne vers la haute mer. Mais il faut savoir que ledit moteur électrique ne reste pas inactif pour autant ; à défaut de propulser le Boot, il se convertit en générateur pour recharger les batteries quand les diésels roulent leurs mécaniques avec leur voix de stentor ! L’accordéoniste Rosen encourage le public à donner de la voix à notre chant de guerre. Puis la foule assemblée, disparate, s’éloigne, se rapetisse au fur et à mesure de notre avancée vers le large. Mon camarade d’école, Alfred Wagner qui était basé à Stettin comme Panzergrenadier et qui se trouvait à la jetée, a encore pu me passer un dernier salut de la main et appuyer sur le bouton poussoir de son appareil photo. Une photo quelque peu floue où l’on devine, en ombres chinoises, les hommes saluant le monde des vivants. Les gradés sur le quai gardent longuement leur main à la visière de leur casquette, autant par politesse que par respect devant le sacrifice prévisible de ces marins fidèles et loyaux dont les statistiques prouvent que 70% ne reviendront plus.
Ici, dans la Mer Baltique et dans les environs du Nord de l’Allemagne, ne rôdent pas encore les dangers sournois que nous rencontrerons bientôt à chaque écume de vagues. Pour acquérir au préalable l’usage du schnorchel, ce gros tuba, synonyme de rémission face aux technologies de pointe dont sont passés maîtres nos adversaires, nous devons aller le tester à Horten, dans l’Oslofjord pour en maîtriser la parfaite utilisation. Le départ de Stettin va nous propulser vers une mission dont nous ne connaissons pas encore le but du voyage. Notre nouveau port d’attache est Lorient en France mais le tonnerre au sens propre du terme y fait des siennes et l’invasion alliée en passe de submerger les bocages normands tourmente dans ses grondements les équipages qui voudraient y faire relâche. Ne nous attirons pas inutilement les foudres célestes en cherchant à rallier l’extrémité de la presqu’île de Keroman, dans la rade de Lorient désormais prise dans les tenailles anglo-américaines ! Mais auparavant, il nous faut partir vers Sønderborg au Danemark démagnétiser notre bateau. Nous revenons sur Kiel pour y chercher notre fameux ordre de mission cacheté. Avec le premier maître timonier, je suis désigné pour aller récupérer une caisse de cartes marines à l’arsenal de Kiel. L’une des caisses contenait une mappemonde relative aux passages par l’Atlantique Nord et les rivages du Canada. La deuxième caisse renfermait des cartes de l’Océan Glacial zone Nord avec les îles du Spitzberg et de la Nouvelle–Zemble en point d’orgue.
Après avoir récupéré lesdites cartes marines, nous poursuivons notre navigation vers la Norvège afin de maîtriser la parfaite navigation au schnorchel. Mines et avions ennemis vont-ils croiser notre route ?

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