Schumacher Joseph, né le 3 août 1926 au moulin de Buding (Moselle).

SchumacherJoseph01J’ai passé un R.A.D. pépère à Hassel près de Sankt-Ingbert en raison de l’attitude bienveillante d’un Feldmeister qui m’a fait bénéficier de nombreuses petites permissions en fin de semaine, ce qui n’était pas pour déplaire à mon père, débordé par ses tâches de meunier, d’autant plus que mes deux frères étaient déjà incorporés dans la Wehrmacht. Ramenés en camion de Hassel nous avons travaillé auprès des installations minières de Marienau-Forbach pour y installer des voies ferrées et des conduites d’eau.
Au camp, le maniement de la bêche préfigurait l’emploi du fusil, et l’art du camouflage n’était pas de reste.

Kriegsmarine : Je suis parti à Leba à la 2. M.E.A. (Marine Ersatz Abteilung), enrôlé sous le matricule 032177/44. Mes Wehrpass et Soldbuch recèlent des détails intéressants de mon périple qui m’ont conduit jusqu’au cercle arctique, même si certains renseignements apparaissent quelque peu délavés dans les différentes rubriques qui les composent. En effet, j’avais trempé mes habits infestés de punaises dans un lavage bouillant que j’ai dû entreprendre en mai 1945 lors de mon séjour dans un camp de prisonniers, sans vérifier l’intérieur de mes vêtements. J’ai d’abord été entraîné à l’art de la guerre (ausgebildet) dans des habits feldgrau de l’armée de terre avant d’être envoyé à Oslo pour une formation guerrière dans la Kriegsmarine (Seemännische Ausbildung) avec des séances de tir, l’apprentissage du morse ainsi que le maniement et la compréhension des pavillons et des codes maritimes.
Le train m’a ensuite emmené jusqu’à Trondheim où ma section a pris place sur un Oeltanker qui nous a débarqués dans un fjord d’où nous avons été dirigés sur Ivalo en Finlande. Pour rejoindre les positions allemandes, avec 3 autres gars équipés de leur paquetage individuel, j’ai embarqué dans une ambulance aux vitres blanches à travers lesquelles on pouvait distinguer via un gros œilleton le paysage maintes fois barré par des panneaux sans équivoque qui nous rappelait le danger sournois de la guerre. Achtung Partisanen !
Je suppose que j’aie été comme on dit Strafversetz pour refus manifeste d’ordres contraires à l’obéissance ayant cours dans l’armée allemande. Je pense que le fait d’être resté dans un bureau au lieu de filer dans les tranchées lors d’une Fliegeralarm et que les continuels papotages en français que j’entretenais avec mon ami Stieferling m’ont expédié sous les latitudes polaires !
Vu que la situation empirait avec l’offensive russe perçant les défenses des Gebirgsjäger établies en amont de Mourmansk et que les unités de l’Armée Rouge continuaient d’avancer inexorablement vers Petsamo et Kirkenes, j’ai été affecté sur un remorqueur de haute mer, l’Ostland 9 -du 10 octobre 1944 au 10 janvier 1945- pour participer à l’embarquement des troupes allemandes menacées d’encerclement.
En attendant l’arrivée de l’ennemi, je me suis retrouvé un matin dans mon habit blanc qui avait viré au noir ! Je ne me souviens plus de cette nuit d’ivresse où j’aurais pu basculer dans l’eau par-dessus le bastingage : cela m’a servi de leçon car depuis ces premières et dernières libations, je n’ai plus jamais absorbé d’alcool. Au contraire de ces diables de Norvégiens qui m’avaient incité à goûter au divin nectar en une fraternelle communion, eux qui allaient jusqu’à écluser de l’alcool à brûler et même à siroter le bain de spiritus du compas !!!
Ivre comme un saunier, le capitaine qui n’était pas de reste, alors que nous étions en mer, a refusé de céder la barre. « Naïda » a-t-il hurlé à son second et le bougre a réussi à nous dépêtrer des courants et récifs qui bordaient notre route. Par la suite, je réservais mes 3 bouteilles de spiritueux (schnaps, mousseux Sekt et rouge) à un Funker autrichien qui m’emmenait en catimini écouter des stations-radio françaises émettant des nouvelles plus proches de la réalité du terrain sur les fronts de guerre que celles que nous serinaient à longueur de journée les Sender allemands noyautés par la Kriegspropaganda de Goebbels. Comme la situation commençait à sentir le roussi, nous avons pillé au passage les dépôts de l’intendance. Nous avons été parmi les derniers à quitter Kirkenes le 23 octobre, les Soviétiques sur nos talons (cf. carte dans le récit de François Schuhler).
Evacuation des troupes de Kirkenes :
Lors de ce départ à hauts risques, notre Hochseeschlepper incluait un équipage norvégien et 7 mitrailleurs de la Kriegsmarine. Sous la direction de la 5. Landungsflottille, il fallait essayer de ramener à bon port le plus de matériel guerrier à extraire de la poche de Kirkenes battue par le feu russe. Un jeu du chat et de la souris ! Si à l’appareillage, nos deux remorqueurs traînant leurs câbles de traction en forme de grand V accrochés à un trois-mâts bourré d’hommes et d’armements ont pu suivre l’allure de 9 nœuds imposée à notre convoi de 8 bateaux, nous avons connu ensuite un ennui mécanique qui nous a singulièrement ralentis. Et là, nous avons essuyé le feu du ciel. Avec notre bateau au canon antiaérien trop bas sur le pont pour répliquer aux armes de bord des avions, nous avons eu beaucoup de chance, au contraire d’un bâtiment qui a coulé à côté de notre haleur Ostland sous les coups de boutoir incessants pratiqués par des bombardiers frappés de l’étoile rouge.
Face à l’ennemi qui cherchait à nous couper la route, deux patrouilleurs (Vorpostenboote) sont venus à notre rescousse au milieu des fusées-lucioles tirées par l’adversaire durant la nuit.
« Suivez-nous en vous laissant guider par nos feux de position, interdiction de tirer ! »
Avec notre allure d’escargot de mer, et Dieu sait combien j’étais admiratif devant la mécanique d’horlogerie qui activait les grosses bielles du moteur surpuissant de notre remorqueur qui obéissait au doigt et à l’œil à chaque changement de manœuvre décidé par le capitaine, rien ne put être tenté pour améliorer notre vitesse.
Au deuxième jour de confrontation qui était un dimanche, alors que j’étais en train de me laver torse nu dans la salle commune réservée à l’équipage (et que je m’y trouvais forcément bien au point d’y traînasser), les Yak russes sont revenus à la charge, labourant la mer et le pont de leurs traînées meurtrières. Un second bateau bourré de munitions brûlait non loin du nôtre. « Ce n’est pas le moment de me pointer au dehors ! » pensai-je.
Mon esquive ne fut pas du goût du caporal-chef de quart qui m’ordonna de venir sur le haut-pont, torse nu, et sans casque ! Le drapeau signalant une nouvelle Fliegeralarm avait été monté. Je n’étais pas très rassuré !
Peu après, il m’a permis de partir m’habiller et de revenir derrière le canon. Je peux dire que nous l’avons échappé belle à ce moment-là, car lors d’un nouveau survol aérien, une balle a percuté le blindage à 1 cm de la tête du copain.
La seconde nuit a été toute aussi éprouvante car les sous-marins ennemis se sont mis de la partie. « Bâbord, toutes ! » a hurlé une vigie au moment où une torpille russe fila entre nous et le gros voilier. Puis, comble de chance extrême, une nouvelle torpille passa en-dessous de la quille sans exploser !
Rétroactivement, lorsque j’essaie de me remémorer cette semaine démentielle, je me dis qu’on ne se rendait pas compte du danger. Je ne pensais pas mourir derrière l’insignifiant canon de 20 où j’étais pourvoyeur et chargeur à côté du tireur tandis qu’un jeune infirmier maniait la rotonde de tir en abaissant ou en remontant le volant (Spindel) de la tourelle anti-aérienne capable d’opérer une rotation complète pour poursuivre assidûment un aéronef grâce aux traçantes qui sertissaient les bandes de balles du canon Flak-Vierling 38/43 monté sur affût.
Les jours suivants, nous nous sommes planqués au fond des fjords. Comme les aéronefs russes avaient du mal à nous atteindre, ils minaient les entrées des passes que des Räumboote (dragueurs) purgeaient au lever du jour

Mes avatars : J’avais noué de bons contacts avec le 2ème machiniste norvégien qui voulait que je déserte avec lui en Suède. Hélas, je ne l’ai plus retrouvé à bord après les soins qu’on m’a prodigués suite à ma blessure.
En effet, un événement malencontreux allait ruiner ce projet d’évasion. En voici la cause : je me suis bêtement blessé en manipulant un pistolet Mauser de fabrication polonaise. Après avoir vidé le magasin de ses 9 balles, j’ai cherché à déverrouiller le ressort de la culasse, et c’est à ce moment qu’une 10ème cartouche engagée dans le canon m’a perforé la jambe au-dessus du genou. J’ai de suite senti la morsure qui m’a traversé les chairs, mon pantalon était également brûlé. Comble de chance dans mon malheur, la balle, avant de traverser la paroi de bois séparant le dortoir voisin, avait frôlé, à 5 cm près, la tête du caporal-chef infirmier qui avait son lit en-dessous du mien ! Que faire maintenant d’un blessé sur le remorqueur ? Un bateau de pêche norvégien hélé au passage m’emmena au Lazarett de Bukkeness. J’arrivais donc à l’infirmerie, pas très à l’aise devant un médecin-capitaine auprès duquel j’eus toutes les peines du monde à m’expliquer mais qui me promit d’emblée la médaille des blessés (Verwundeten Abzeichen). Mais lorsque l’infirmier lui expliqua les vraies raisons de ma blessure, sa colère ne fit qu’un tour. « Was ist das für ein Landsmann ? Quel genre de compatriote est-ce ? »
Je pense qu’il a alors dû me soupçonner d’automutilation ! Vaguement inquiet des conséquences de mon acte, je cherchais à rallier mon remorqueur alors que je ne détenais ni papier militaire ni arme pour partir à sa rencontre. J’espérai bénéficier d’une navette pour reprendre pied sur l’Ostland, je rôdais en ville à l’affût d’un possible départ. Il ne fallait pas que je me fasse attraper sans papier, surtout par les temps qui couraient et face à la défiance du corps médical qui pouvait à tout moment me faire traduire en justice ! J’ai jeté mon dévolu sur un petit chalutier en expliquant à son capitaine que je voulais réembarquer sur mon remorqueur ancré dans un fjord voisin. Ah ! ce filou m’a bien eu. « Tiens, un Allemand, je vais l’emmener dans une autre direction ! » Me voilà encore expédié plus loin de mon bateau !
Je suis parti à sa recherche au milieu d’une tempête de neige, toujours sans arme et sans papier, dans une forêt infestée de partisans. J’ai rencontré un Leutnant posté avec sa section comme verrou de sécurité dans une clairière. Assez compréhensif face à ma détresse, il m’a indiqué le chemin à prendre pour rallier mon navire.
Entretemps un sous-officier de la pire veine, un gars de Silésie, un Schlesier, avait pris le commandement à bord et remplacé le brave-caporal chef, muté au front pour laxisme, fustigeant d’emblée l’attitude bon enfant que nous y avions instaurée. A mon arrivée, je peux vous dire que les armes brillaient à bord ! Comme j’étais souvent fourré à quai avec un matelot italien et un Parisien à qui j’écrivais des lettres pour sa femme, mon faux-jeton qui rêvait de mon passage devant le Tribunal de guerre en cherchant de ce fait à me nuire m’a dénoncé ouvertement à ses supérieurs, pensant que mon charabia d’allemand allait me desservir durant mes explications embrouillées. Mais ni le capitaine ni le Spies n’ont finalement vu aucune malice de ma part pour me soustraire à la guerre !
Nous étions très souvent en haute mer pour remorquer des navires en difficulté, touchés lors d’attaques aériennes. Il me souvient d’un bateau à la proue trouée qu’une barque aurait facilement pu traverser. Les mines dérivantes, celles dont les orins avaient cassé, étaient les plus sournoises, il fallait être constamment sur ses gardes. Nous venions uniquement au port de Tromsø pour nous ravitailler en eau douce, charbon et vivres.

La fin du Tirpitz : Après avoir rallié Tromsø sains et saufs, nous avons fait relâche dans un fjord à proximité du Tirpitz, recouvert de filets de camouflage et protégé par une ribambelle de bateaux prêts à le défendre avec des armes anti-aériennes ou le cacher au regard des aviateurs avec des fumigènes. Son destin d’épouvantail des mers s’est arrêté le 12 novembre, un dimanche ensoleillé où, vers les 9 heures, 32 Lancaster sont venus pour le terrasser. Le ciel strié d’innombrables volutes d’explosions au-dessus du fjord était noirci par les tirs de pétarade projetés par les mitrailleuses et les canons allemands sur les intrus. Nous leur avons également tiré dessus, sans grand résultat car les audacieux pilotes maintenaient leur avion au-dessus des projectiles, la plupart de nos volées de tirs arrivant sans grand effet en fin de course sous leur carlingue. Un avion anglais touché par un éclat d’obus retournait péniblement vers sa base (Ndr, vers la Suède) au milieu d’un vacarme qui s’amplifiait sur les parois formant comme un amphithéâtre qui répercutait un grondement monstrueux propice à faire fuir les va-t-en guerre les plus téméraires. Les Anglais avaient mis le paquet ! Soudain on a vu un gros champignon envelopper le géant d’acier. « Ça y est, ils l’ont eu ! Jetzt haben sie Ihn» se sont exclamés les gars autour de moi. Cantonnés à bord de l’Ostland, nous avons pu approcher quelques jours plus tard des sauveteurs impliqués dans les recherches des rescapés coincés dans le ventre du monstre métallique. Ils ont été témoins de scènes terribles : il n’y avait plus rien à faire pour certains marins, englués et asphyxiés dans la gangue d’hydrocarbures comme ces pauvres mouettes luisantes de mazout piégées par le naufrage d’un Torrey Canyon. Des blessés secourus, avec leurs poignets en marmelade, à force de taper contre le blindage, remerciaient chaleureusement leurs secouristes. Eux avaient eu l’insigne chance de parvenir à quitter leur lieu de désolation alors que vrillaient encore dans leurs oreilles les cris de désespoir de dizaines de machinistes pris comme des rats dans leur prison de fer.
Il était interdit de parler des conditions de sauvetage. Les survivants ont été cachés, expédiés vers des lieux de repos et de convalescence de peur d’influencer le moral des troupes déjà singulièrement entamé. Nous n’avons pas été désignés pour faire partie du peloton d’honneur à l’occasion des funérailles des quelque 1 400 victimes. Tel n’avait pas été le cas préalablement où j’ai tiré une salve d’honneur en mémoire de machinistes terrassés à bord de leur navire dont je n’ai plus souvenance de son identité. Le célèbre chant « Ich hatt’einen Kameraden » les accompagna dans la tombe commune au moment de leurs obsèques.

Mes deux autres affectations : Le 11 janvier, après mes 54 jours passés sur l’Ostland, j’embarquais sur le baleinier danois ‘Freya’ reconverti en navire-atelier réquisitionné par la Kriegsmarine. Faisant maintenant partie de la 8. Marinebordflak Kompanie, je n’y suis resté que 10 jours, j’y ai trouvé un compatriote d’Alsting, le dénommé Klein Pierre. Là aussi, j’ai eu chaud comme l’on dit. De garde de nuit sur le 3ème pont, je descendis dans la cambuse chercher mes cigarettes. Comme la tempête secouait vivement le bâtiment, la porte a claqué lorsque je l’ai ouverte, elle a claqué à nouveau lorsque je l’ai refermée. Un ancien m’a décroché un coup de pied au derrière, fort contrarié par ma bruyante venue. Mon sang n’a fait qu’un tour, je lui ai planté le canon sous le menton et dans la bousculade qui s’ensuivit je l’ai balancé au-dessus du bastingage sur le second pont. Je n’en menais pas large considérant que j’avais agressé un gradé et qu’il allait me dénoncer. J’ai pris les devants et au culot, j’ai fait comprendre à l’intéressé qu’il allait lui aussi, dans cette affaire, en prendre pour son grade. D’abord parce qu’il avait agressé une sentinelle en faction, qui avait le droit de tirer sans sommation et que, deuxièmement il était désolant que des étrangers (Ausländer) comme moi dussions défendre des hommes provenant d’un pays que je considérais comme ennemi ! L’affaire en resta là. Schmitt de Hettange-Grande, m’indiqua lors d’une rencontre après guerre que le Freya fut coulé, sa soute à munitions ayant explosé, et que le capitaine réveillé brusquement dans son sommeil sauta en pyjama dans la mer avant d’être secouru.
Mon troisième navire s’appelait le ‘Christian IX’ et j’y ai passé 81 jours dessus, répertoriés comme journées de Gefahrzone. Je n’ai guère gardé de souvenirs intéressants à relater à son sujet.

Captivité : Je n’ai pas souffert de ma condition de prisonnier. On n’a manqué de rien à la table d’un vieux fermier norvégien. Nous lui avons défriché son terrain, extirpé de grosses pierres à coups de palan. « Parlez français, c’est si beau à entendre ! » nous disait-il. Au port du Havre, lors de mon retour, je disposais encore de vivres qu’il nous avait fournis pour supporter le voyage.


Offensive de l’Armée Rouge en Laponie du Nord.

SchumacherJoseph02A l’ouest de Mourmansk, important port d’approvisionnement soviétique convoité lors de l’opération Barbarossa depuis 1941 mais jamais conquis par les envahisseurs, se situaient les positions du XIX. Gebirgsjägerkorps (Corps d’infanterie de montagne) englobant 53 000 hommes, 750 canons et 160 avions qui dépendaient, eux, de la 5. Luftflotte.
L’exploitation de minerais de cuivre, de molybdène et de nickel dans la région occupée par les forces germano-finlandaises était vitale pour l’économie de guerre nazie. Cette préservation importante de ressources obligera le commandement allemand à y constituer une triple ligne de défense de 150 km dans un contexte paysager difficile constitué de montagnes, de lacs et de marécages. Constatant le retournement de la situation militaire, pendant l’été 1943, le haut-commandement allemand avait prévu tôt ou tard une paix séparée entre la Finlande et l’URSS. Aussi déplaça-t-il à cet effet ses troupes au nord afin de protéger les mines de nickel près de Petsamo.
Pendant l’hiver de 1943-1944, le génie allemand et l’organisation Todt améliorèrent les routes entre le nord de la Norvège et la Finlande (cf. photos) pour y accumuler des stocks de matériel.
L’accord de cessez-le-feu conclu entre la Finlande et l’URSS du 4 septembre 1944 imposera aux Allemands d’avoir à quitter le territoire conquis avant le 15 septembre 1944. Pas question !
L’OKW décida de maintenir ses troupes à 100 km à l’est de la frontière finlandaise, donc à l’intérieur des terres soviétiques, où se situaient les positions de la 20ème Armée de troupes de montagne (Gebirgsjäger) placées sous le commandement du général Lothar Rendulic.
Dans le but de capturer cette région vitale à l’approvisionnement du Troisième Reich, l’offensive opposera principalement la 14e Armée soviétique du Front de Carélie placée sous le commandement du général Merezkow à la 20e armée de montagne allemande (Lappland Armee).
Cette offensive soviétique peut être divisée en 3 phases : la percée des positions allemandes, la progression vers Kirkenes et la bataille qui s’ensuivit. Elle vit par ailleurs des débarquements amphibies à grande échelle effectués par l’infanterie navale soviétique. Véritables succès, les différentes batailles permirent de refouler les Allemands établis dans ces régions arctiques jusqu’en Norvège : elles furent surnommées le dixième choc par Staline. En enclenchant la libération de la Norvège du Nord de l’occupation allemande, les Soviétiques parvinrent à saisir les mines de nickel de Pechenga, (incendiant au passage la ville de Petsamo) pour ainsi couper l’accès à une ressource-clé en approvisionnement indispensable aux rouages du Reich.
Face à chaque affrontement russe, les forces d’occupation évacuèrent d’abord Petsamo le 15 octobre puis Kirkenes le 25 octobre, en adoptant la tactique de la terre brûlée lors de l’opération Birke (bouleau), ce qui valut à Rendulic 20 ans d’emprisonnement après guerre.
Le 27 octobre, après de violents combats avec des unités russes et finlandaises, la troupe allemande en retraite atteignit la Norvège et reconstitua une ligne de défense sur les hauteurs du Lyngenfjord.
Les Soviétiques arrêtèrent les combats le 29 octobre en raison de chutes de neige, de la nuit polaire et de la topographie difficile rencontrées lors de leur avancée.
A cette date, l’Armée Rouge avait établi un front vers l’ouest, en Norvège occupée dont elle tira un bénéfice en récupérant la région de Petsamo. Les pertes soviétiques s’élevèrent à 6 084 tués ou disparus et 15 149 blessés tandis que les pertes allemandes se chiffrèrent à 8 263 lors des différentes offensives.